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Entreprise

La CGT a raison : nous vivons une explosion des plans sociaux

En ce mois de décembre 2025, la France traverse une zone de turbulences économiques et sociales d’une intensité rarement observée depuis la crise financière de 2008 ou le choc exogène de la pandémie de Covid-19. Au cœur de cette tempête, une affirmation a retenti avec force le 10 décembre 2025, portée par la Confédération Générale du Travail (CGT) et sa secrétaire générale, Sophie Binet : les plans sociaux seraient en hausse massive, préfigurant une « saignée industrielle » et sociale imminente.

Cette déclaration, loin d’être un simple effet de manche rhétorique habituel dans les périodes de négociations budgétaires, s’appuie sur une cartographie précise et alarmante : 483 plans de suppressions d’emplois recensés et plus de 300 000 emplois menacés.

La question posée par l’actualité immédiate — « Est-ce vrai? » — dépasse la simple vérification factuelle. Elle exige une plongée profonde dans les mécanismes contemporains du marché du travail français, une confrontation rigoureuse entre les remontées de terrain syndicales et les agrégats statistiques officiels de la DARES et de l’INSEE, ainsi qu’une compréhension fine des dynamiques sectorielles qui fracturent le tissu économique, de la métallurgie à la grande distribution.

Ce post se propose d’analyser cette assertion sous tous ses angles. Il ne s’agit pas seulement de valider ou d’infirmer un chiffre, mais de comprendre la nature de la crise qui se dessine pour 2026. Sommes-nous face à un ajustement conjoncturel classique, ou assistons-nous à une rupture structurelle, marquée par la fin du « Quoi qu’il en coûte », l’échec relatif de la politique de l’offre, et les conséquences brutales des transitions écologique et technologique? Pour répondre, nous mobiliserons l’ensemble des données disponibles au quatrième trimestre 2025, en scrutant les défaillances d’entreprises, les procédures de licenciement collectif, et les stratégies des grands groupes industriels.

Anatomie de l’alerte syndicale – méthodologie et réalité de terrain

Pour appréhender la véracité des propos de la CGT, il est primordial de déconstruire d’abord le message émis le 10 décembre 2025. Contrairement aux statistiques administratives qui photographient le passé (les licenciements actés), la démarche syndicale se veut prospective et totalisante, cherchant à capturer la « menace » avant qu’elle ne se transforme en statistique du chômage.

1.1. La cartographie de la crise selon la CGT

La CGT a dévoilé une mise à jour de sa « liste noire » des plans sociaux, un outil de suivi qu’elle alimente via ses fédérations et unions locales. Cette liste, présentée successivement aux Premiers ministres Michel Barnier (septembre 2024), François Bayrou (janvier 2025) et Sébastien Lecornu (septembre 2025), montre une accélération fulgurante du phénomène de destruction d’emplois.

L’évolution temporelle du recensement syndical décrit une courbe exponentielle inquiétante :

  • Mai 2024 : 130 plans de licenciement recensés.
  • Septembre 2024 : 180 plans.
  • Janvier 2025 : 250 plans.
  • Décembre 2025 : 483 plans actifs.

Cette progression arithmétique suggère que le tissu économique ne vit pas une simple correction, mais un effondrement de pans entiers de son activité. Le chiffre de 304 639 emplois menacés avancé par la centrale de Montreuil inclut à la fois les emplois directs visés par des procédures de PSE (Plans de Sauvegarde de l’Emploi) ou de liquidations, et les emplois indirects (sous-traitants, intérimaires, commerces induits).

Le détail des menaces directes

Si l’on s’en tient aux emplois directement menacés, c’est-à-dire les contrats de travail au sein des entreprises en restructuration, la CGT avance le chiffre précis de 107 562 postes. Ce volume est considérable. Il équivaut à la population d’une ville moyenne française rayée de la carte économique. Parmi ces emplois, 46 560 concernent l’industrie, ce qui frappe particulièrement les esprits dans un pays qui a fait de la « réindustrialisation » son mantra politique depuis une décennie.

1.2. Une méthodologie de « l’effet domino »

La divergence entre les chiffres de la CGT (300 000) et les statistiques immédiates des licenciements s’explique par la méthodologie de l’effet domino. Sophie Binet et ses équipes appliquent des ratios multiplicateurs pour estimer l’impact réel d’une fermeture d’usine sur un bassin d’emploi.

Le raisonnement est le suivant : la fermeture d’un site industriel comme celui de Michelin à Cholet ou Vannes ne supprime pas seulement les postes des ouvriers du pneumatique. Elle impacte les transporteurs, les entreprises de nettoyage industriel, la restauration collective, les intérimaires (souvent les premiers « fusibles » non comptabilisés dans les PSE), et par ricochet, le commerce local.

Selon les secteurs, la CGT et certains économistes estiment qu’un emploi industriel génère entre 2 et 4,5 emplois induits. Ainsi, les 46 560 emplois industriels directs menacés se transforment mécaniquement en une menace pesant sur 150 000 à 200 000 actifs supplémentaires.

Cette approche, bien que contestable sur le plan purement comptable administratif (un emploi induit n’est pas « licencié » le même jour que l’emploi direct), offre une vision plus juste de la déflagration sociale territoriale. Elle permet de qualifier la situation non pas comme une somme d’événements individuels, mais comme un risque systémique pour des régions entières, notamment dans le Grand Est, les Hauts-de-France ou la vallée de la Seine, zones traditionnellement industrielles.

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1.3. La typologie des restructurations : au-delà du PSE classique

L’affirmation de la CGT englobe une réalité juridique complexe. Le terme « plan social » est utilisé dans le débat public pour désigner plusieurs réalités juridiques distinctes que le syndicat agrège pour démontrer l’ampleur du phénomène :

  1. Le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) : c’est la procédure reine pour les licenciements collectifs de plus de 10 salariés dans les entreprises de plus de 50 salariés. C’est le cas pour Michelin, Auchan ou Sanofi.
  2. La Rupture Conventionnelle Collective (RCC) : introduite par les ordonnances Macron, elle permet des départs volontaires sans motif économique justifié formellement. La CGT dénonce souvent ces RCC comme des « PSE déguisés » permettant aux entreprises profitables de dégraisser sans ternir leur image.
  3. La liquidation judiciaire : pour les PME et TPE, il n’y a souvent pas de plan social négocié, mais une cessation d’activité brutale. C’est le cas pour des milliers de petites entreprises du bâtiment ou du commerce.
  4. Le non-renouvellement de contrats précaires : La variable d’ajustement invisible. La CGT note que l’industrie et les services se séparent massivement de leurs intérimaires avant même d’annoncer des plans sociaux.

En agrégeant ces dispositifs, la CGT construit un indicateur composite de la « souffrance au travail » et de la précarisation qui dépasse les colonnes des tableurs du ministère du Travail. C’est cette vision holistique qui lui permet d’affirmer que la hausse est massive, là où le gouvernement pourrait être tenté de segmenter les problèmes.

Le verdict statistique – confrontation avec les données officielles

Pour valider objectivement l’alerte syndicale, il est impératif de se tourner vers les producteurs de statistiques publiques : la DARES (ministère du Travail) et l’INSEE. Les données du troisième trimestre 2025 (T3 2025) et les tendances du quatrième trimestre apportent une confirmation cinglante : la France a basculé dans une phase de destruction d’emplois.

2.1. L’accélération des procédures de licenciement (données DARES)

Les publications de la DARES relatives au marché du travail en 2025 dessinent une trajectoire qui corrobore l’alerte de la CGT, avec un décalage temporel inhérent à la remontée administrative des données.

Le constat sur les PSE est sans appel :

Dès le deuxième trimestre 2025, la DARES a enregistré une augmentation brutale des procédures. Le nombre de PSE validés et/ou homologués a bondi de 20,8 % par rapport au trimestre précédent, atteignant 192 procédures sur la période. Une telle variation trimestrielle à deux chiffres est rare et signale un choc violent. Ce n’est pas une fluctuation statistique, c’est une tendance lourde.

De plus, les licenciements économiques collectifs hors PSE (concernant les entreprises de moins de 50 salariés ou les petits licenciements collectifs) étaient également en hausse de 7,5 % sur un an au T2 2025. Cela démontre que le phénomène n’est pas circonscrit aux grands groupes du CAC 40 médiatisés par la CGT, mais qu’il infuse l’ensemble du tissu économique.

Le tableau ci-dessous synthétise l’évolution des indicateurs de rupture de contrat suivis par la DARES en 2025 :

Indicateur DARESÉvolution Trimestrielle (T2 vs T1 2025)Évolution Annuelle (Glissement)Interprétation
PSE Validés/Homologués+ 20,8 %Hausse significativeConfirmation directe de l’alerte syndicale sur les grands plans.
Licenciements Éco. hors PSEN/A+ 7,5 %Contagion aux PME/ETI.
Ruptures Conventionnelles+ 1,3 %Stable / Hausse modéréeUtilisation continue comme mode de rupture « douce ».
Licenciements (tout motif)+ 2,5 %Hausse continueDurcissement général des relations de travail.
Emploi Intérimaire– 0,6 % (T3)– 2,9 % (sur un an)Indicateur avancé de récession : les entreprises coupent le flexible.

 

2.2. Le retournement macroéconomique : chômage et emploi salarié

Au-delà des procédures juridiques de licenciement, c’est la dynamique globale de l’emploi qui valide le pessimisme de la CGT. Les chiffres du troisième trimestre 2025 publiés par l’INSEE montrent que l’économie française ne crée plus d’emplois, elle en détruit.

L’emploi salarié en recul :

Au T3 2025, l’emploi salarié privé a reculé de 0,3 %, ce qui représente une destruction nette de 60 600 postes en un seul trimestre.12 Sur une année glissante, le bilan est encore plus lourd avec une baisse de 0,5 %, soit 112 100 emplois détruits.12

Ce chiffre est capital. Il signifie que les créations de postes dans certains secteurs (numérique, défense) ne compensent plus les destructions massives dans la construction, l’industrie et l’intérim. C’est la fin officielle de la dynamique post-Covid de baisse du chômage.

La remontée du taux de chômage :

Mécaniquement, cette destruction d’emplois se traduit par une hausse du chômage. Au sens du BIT, le taux de chômage s’établit à 7,7 % au T3 2025, en hausse de 0,3 point sur un an.

L’ex-ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a elle-même reconnu cette tendance, évoquant des projections vers 8 %, ce qui valide implicitement le diagnostic de dégradation du marché du travail posé par les syndicats. La DARES et l’INSEE confirment donc que la « hausse » dénoncée par la CGT n’est pas une vue de l’esprit, mais une réalité macroéconomique tangible.

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2.3. L’intérim comme canari dans la mine

Un indicateur particulièrement préoccupant, souvent cité par la CGT comme précurseur des plans sociaux, est l’effondrement de l’intérim. Avec une baisse de 2,9 % sur un an au T3 2025, l’intérim envoie un signal d’alarme puissant. Historiquement, un tel recul de l’intérim précède de 6 à 9 mois une hausse massive des licenciements en CDI. Les entreprises commencent par ne pas renouveler les contrats temporaires (la « variable d’ajustement ») avant de s’attaquer au « dur » des effectifs permanents via des PSE. La hausse des PSE observée fin 2025 est la matérialisation logique de la baisse de l’intérim observée début 2025.

L’hécatombe des entreprises – le moteur des plans sociaux

Les plans sociaux ne sont que la conséquence ultime de difficultés économiques en amont. Pour comprendre l’ampleur du phénomène décrit par la CGT, il faut analyser la santé des entreprises françaises en 2025. Les données de la Banque de France et du cabinet Altares révèlent une situation de défaillances record, qui constitue le moteur sous-jacent de la crise sociale.

3.1. Un record historique de défaillances (données Altares/BdF)

Les statistiques sur les défaillances d’entreprises (redressements et liquidations judiciaires) pour le troisième trimestre 2025 sont édifiantes. Le cabinet Altares a recensé 14 371 défaillances sur ce seul trimestre, soit une hausse de 5,2 % par rapport à 2024. Il s’agit d’un niveau inédit pour une période estivale, marquant une accélération par rapport aux années précédentes.

Sur 12 mois glissants, le cumul des défaillances atteint des sommets, oscillant entre 66 000 et 68 000 entreprises défaillantes selon les mois de référence (août ou septembre 2025). Ce volume dépasse désormais les niveaux de la crise financière de 2008-2009 et ceux de la crise de la dette souveraine de 2012-2013.

3.2. La contagion : des TPE aux ETI

Ce qui caractérise la crise de 2025 et valide l’inquiétude de la CGT sur les « plans sociaux » (qui concernent les grandes entreprises), c’est le changement de nature des défaillances. Jusqu’en 2023-2024, la hausse des défaillances concernait surtout les très petites entreprises (TPE), souvent des commerces de bouche ou de petites structures du bâtiment, avec un impact social diffus.

En 2025, la sinistralité remonte la chaîne de valeur vers les PME (Petites et Moyennes Entreprises) et les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire).

  • Les défaillances de PME de 10 à 19 salariés ont bondi de 13 % au T3 2025.
  • Les défaillances d’entreprises de plus de 50 salariés, celles qui sont susceptibles de déclencher des PSE médiatiques, ont explosé. Certaines sources industrielles évoquent une hausse de 75 % sur ce segment spécifique.
  • Au T3 2025, 46 entreprises de plus de 100 salariés ont fait défaut. Chacune de ces défaillances entraîne mécaniquement des centaines de suppressions de postes, validant l’effet de masse dénoncé par Sophie Binet.

3.3. Les causes structurelles de l’hécatombe

L’analyse des causes de ces défaillances permet de comprendre pourquoi la CGT parle de « phénomène structurel » et non conjoncturel.

  1. La fin de l’oxygène artificiel (PGE) : le remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE) arrive à maturité pour beaucoup d’entreprises. Celles qui n’ont pas retrouvé leur niveau de rentabilité pré-Covid se retrouvent en impasse de trésorerie.
  2. Le mur de l’investissement et des taux : la hausse des taux d’intérêt a renchéri le coût du capital, rendant le refinancement de la dette insupportable pour les entreprises « zombies » ou fortement endettées (LBO).
  3. La crise de l’immobilier : le secteur de la construction est dévasté, avec près de 15 000 défaillances sur un an. L’arrêt de la construction neuve impacte toute la chaîne de valeur, des architectes aux fabricants de matériaux.
  4. La mutation forcée : dans l’industrie et le commerce, ce n’est pas seulement la conjoncture qui pèse, mais un changement de modèle (voiture électrique, e-commerce) qui rend obsolètes les actifs existants.

Analyse sectorielle détaillée – Où frappent les Plans Sociaux?

L’affirmation de la CGT n’est pas uniforme ; elle cible des secteurs précis qui subissent des mutations violentes. L’analyse détaillée de ces secteurs confirme que les plans sociaux s’y concentrent massivement.

4.1. L’industrie automobile : le choc de la transition électrique

L’industrie automobile représente le plus gros contingent d’emplois menacés (environ 16 000 selon la CGT). Ce secteur vit une tempête parfaite : fin programmée du moteur thermique en 2035, concurrence féroce des constructeurs chinois sur l’électrique, et coûts de l’énergie en Europe.

  • Le cas Michelin : l’annonce de la fermeture des sites de Cholet et Vannes (plus de 1 200 emplois) est emblématique. La CGT pointe ici une « gestion financière » : Michelin est profitable (2 milliards de bénéfices), mais ferme des usines jugées pas assez compétitives. C’est ce type de plan social qui nourrit la colère syndicale : le licenciement n’est pas perçu comme une fatalité économique (faillite) mais comme un choix de gestion (optimisation).
  • Les équipementiers (Valeo, Bosch, MA France) : Si les constructeurs (OEM) souffrent, les équipementiers trinquent. Valeo a annoncé chercher des repreneurs pour plusieurs sites. Bosch réduit la voilure sur le diesel. MA France et d’autres sous-traitants sont en liquidation. La transition vers le véhicule électrique (VE) nécessite moins de main-d’œuvre et des compétences différentes, créant un « chômage technologique » immédiat.
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4.2. La grande distribution : la fin de l’hyperconsommation?

Le commerce est le deuxième front social, avec plus de 13 000 emplois menacés. Ici, la cause est double : l’inflation qui a modifié les comportements d’achat (baisse du non-alimentaire) et la crise des modèles historiques (hypermarchés).

  • Auchan : l’enseigne de la famille Mulliez prépare un plan social massif (estimé à 2 300 emplois). Les hypermarchés perdent du terrain face au e-commerce et au discount.
  • Casino : le démantèlement du groupe Casino a été le feuilleton social de 2024-2025, laissant des milliers de salariés sur le carreau ou transférés dans des conditions précaires.
  • Habillement et spécialisé : la liste des enseignes en difficulté s’allonge (Naf Naf, Habitat, etc.), victimes de la baisse du pouvoir d’achat et de la concurrence de la « fast fashion » en ligne (Shein, Temu).

4.3. L’industrie chimique et pharmaceutique : délocalisations et coûts

La chimie, très énergivore, souffre du différentiel de coût de l’énergie avec les États-Unis et l’Asie.

  • Chimie : des entreprises comme Vancorex (plateforme chimique de Pont-de-Claix) sont menacées de disparition, mettant en péril tout un écosystème industriel régional.
  • Sanofi : le géant pharmaceutique est ciblé par la CGT pour ses restructurations continues malgré des profits records et des aides publiques (Crédit Impôt Recherche). La CGT dénonce la suppression de la R&D en France au profit de l’externalisation ou des États-Unis.

4.4. Le secteur bancaire : la digitalisation à marche forcée

Même le tertiaire « riche » licencie.

  • Société Générale : La banque a annoncé la suppression de près de 1 000 postes au siège et poursuit la réduction de son réseau d’agences.
  • Orange Bank : La fermeture de la filiale bancaire d’Orange entraîne la suppression de plus de 600 postes.
    Ce secteur illustre que la hausse des plans sociaux touche aussi les cols blancs et les cadres, un phénomène qui accentue le sentiment de crise généralisée.

Contexte politique et bras de fer idéologique

La « vérité » des chiffres de la CGT prend une dimension particulière dans le contexte politique de décembre 2025. L’affrontement entre Sophie Binet et le gouvernement ne porte pas seulement sur les constats, mais sur les causes et les remèdes.

La CGT utilise cette hausse des plans sociaux pour instruire le procès de la politique économique menée depuis 2017 (baisse des impôts de production, CICE, suppression de l’ISF).

  • L’argument des aides publiques : Sophie Binet martèle que l’État a versé 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises (chiffre cumulé annuel incluant exonérations et subventions) sans exiger de contreparties fermes sur l’emploi (conditionnalité).
  • Le cas Sanofi et Michelin : ces entreprises sont citées comme la preuve que « donner de l’argent aux entreprises ne crée pas l’emploi » si elles sont libres de verser des dividendes tout en fermant des usines. Pour la CGT, ces plans sociaux sont des « licenciements boursiers » facilités par les ordonnances Macron qui ont plafonné les indemnités prud’homales et facilité les PSE.

La hausse des plans sociaux survient au pire moment pour le gouvernement : lors de la discussion d’un budget d’austérité. Les coupes dans les dépenses publiques (santé, collectivités) annoncées pour 2026 sont perçues par la CGT comme un facteur aggravant qui va détruire des emplois dans le secteur public et associatif (7 000 menacés selon la CGT), ajoutant de la crise à la crise.

Une vérité sociale incontestable

À la question : « La CGT a affirmé hier que les plans sociaux étaient en hausse en France. Est-ce vrai? », la réponse est, sans ambiguïté, OUI.

Cette affirmation est validée par la convergence de trois sources de vérité :

  1. La vérité administrative : les chiffres de la DARES montrent une augmentation factuelle de +20,8 % des PSE au T2 2025 et une hausse des licenciements économiques.
  2. La vérité économique : l’INSEE confirme que l’économie française détruit désormais des emplois (-112 100 salariés sur un an) et que le chômage remonte (7,7 %).
  3. La vérité entrepreneuriale : les tribunaux de commerce enregistrent un niveau record de défaillances (Altares), touchant désormais les entreprises de taille significative.

Le chiffre de 300 000 emplois menacés avancé par la CGT, bien qu’il soit une estimation incluant les effets indirects et les menaces non encore actées, reflète avec une acuité certaine l’ordre de grandeur du choc systémique en cours. Il ne s’agit pas d’une exagération militante déconnectée du réel, mais d’une projection des conséquences en cascade des fermetures d’usines et des faillites en chaîne.

En cette fin d’année 2025, la France ne fait pas face à quelques « accidents industriels » isolés, mais à un retournement de cycle majeur. La conjonction de la fin des aides Covid, de la transition technologique brutale (auto) et de la crise de la consommation (commerce) crée une dynamique de destruction d’emplois que les dispositifs actuels peinent à endiguer. L’année 2026 s’annonce, selon les propres termes des analystes économiques et des acteurs sociaux, comme une année de haute tension sociale.

Tableau de synthèse des données validant l’affirmation de la CGT

DomaineAffirmation CGT (Tendance)Donnée Officielle (Source)Verdict
Plans Sociaux (PSE)« Explosion » / « Hausse forte »+ 20,8 % au T2 2025 (DARES) VRAI
Emploi Global« Destruction d’emplois »– 112 100 postes sur un an (DARES/INSEE)VRAI
Santé Entreprises« Vague de faillites »14 371 défaillances au T3 (Record) (Altares)VRAI
Secteur Industrie« Saignée industrielle »Emploi industriel en baisse, intérim en chute libre (-2,9%) 7VRAI
Chiffre Global« 300 000 menacés »Pas de chiffre officiel direct, mais cohérent avec 52 000 emplois menacés par faillites sur un seul trimestre + effet multiplicateur.Estimation Plausible