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Prévoyance

La seule révolution sociale qui vaille : généraliser la prévoyance sans étatiser le risque

Cessons de nous mentir. Pendant que le débat public sature l’espace médiatique avec des polémiques stériles sur le pouvoir d’achat ou l’âge du départ à la retraite, un silence assourdissant couvre la véritable fracture sociale de ce pays. Elle ne se joue pas sur le montant du chèque de fin de mois quand tout va bien, mais sur ce qu’il reste dans l’assiette quand tout va mal.

La réalité brutale de la France de 2025, c’est qu’il existe deux catégories de travailleurs : les cadres, protégés par un « dôme de fer » assuranciel hérité de 1947, et la masse des ouvriers et employés, laissés à la merci d’une Sécurité Sociale devenue une peau de chagrin.

Il est temps de poser sur la table la seule réforme structurelle qui mérite le qualificatif de « sociale » : la généralisation de la prévoyance d’entreprise pour tous les salariés du privé. Mais attention, pas n’importe comment. Pas par une nouvelle étatisation soviétique, mais par la liberté contractuelle.

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L’angle mort de la « protection » sociale

Nous vivons dans le mythe de l’État-providence protecteur. C’est une fable. Pour un salarié au SMIC ou légèrement au-dessus, tomber en invalidité (ce qui arrive à près d’un million de Français) signifie voir son revenu divisé par deux. Du jour au lendemain. C’est la clochardisation assurée, la glissade vers les minimas sociaux, l’exclusion.

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Le « prolétariat » moderne, ce n’est pas celui qui gagne peu, c’est celui qui perd tout au premier accident de santé. La vraie mesure de justice sociale, ce n’est pas d’augmenter le SMIC de 2 %, c’est de garantir que le maçon usé à 50 ans ou la caissière en burn-out gardera 80 % de son revenu net pour vivre dignement. Les cadres ont ce privilège ; le refuser aux autres est une indécence de classe que plus rien ne justifie.

Une rationalité économique pour l’entreprise

J’entends déjà les cris d’orfraie du patronat, redoutant une nouvelle charge. C’est une vision comptable à courte vue. L’absence de couverture prévoyance est un coût caché, toxique pour nos PME.

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Lorsqu’un salarié sans couverture sombre dans la précarité pour cause de maladie, l’entreprise ne s’en lave pas les mains gratuitement. Elle paie la désorganisation. Elle paie le risque juridique explosif des licenciements pour inaptitude, où les indemnités s’envolent. Elle paie la dégradation du climat social. Surtout, généraliser la couverture permettrait de sortir d’une logique de « réparation » juridique (les Prud’hommes) pour entrer dans une logique d’assurance. Mieux : en mutualisant ce risque à grande échelle, on assainit le marché du travail. Une main-d’œuvre sécurisée est une main-d’œuvre plus stable. Le coût de la prime d’assurance est infiniment inférieur au coût de la « casse sociale » que l’entreprise finit toujours par payer, soit par ses impôts, soit par ses contentieux.

Obligation d’assurance, liberté d’assureur

Mais attention au piège qui nous guette. Face à ce constat, les technocrates de Bercy et de la rue de Grenelle auront le réflexe pavlovien habituel : créer une « Grande Sécu », une nouvelle branche gérée par l’URSSAF, un monopole public inefficace et coûteux.

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Il faut refuser tout net cette étatisation du risque.

Le modèle à suivre est celui de l’assurance automobile : l’obligation d’être couvert, mais le libre choix de l’assureur. L’État doit fixer la règle du jeu : tout contrat de travail doit inclure une couverture prévoyance garantissant un niveau de remplacement décent (par exemple 80 % du net). Point final. Ensuite ? Place au marché et au paritarisme de terrain. Laissons les mutuelles, les instituts de prévoyance et les assureurs privés se faire concurrence. C’est cette émulation qui fera baisser les tarifs et, surtout, qui poussera les assureurs à faire leur vrai métier : la prévention.

Car un assureur privé a un intérêt financier direct à ce que le salarié ne tombe pas malade. L’État, lui, se contente de gérer la pénurie des hôpitaux.

Généraliser la prévoyance par le marché régulé, c’est réconcilier la justice sociale avec l’efficacité économique. C’est protéger les plus faibles sans accroître la bureaucratie. Tout le reste n’est que littérature et postures politiques.